Beetlejuice
Tim Burton. 1988. USA. 92 min. Coul. DCP. VOSTF.
Des fantômes et des hommes. Just married, Adam et Barbara ont emménagé dans une vieille, grande, vintage maison. Et puis, ils sont morts. Banalement. Dans un accident de voiture. Maintenant, ce sont des fantômes. Condamnés à hanter leur maison. Mais ce n’est pas facile d’être un fantôme quand on n’a pas le mode d’emploi. Argh ! Les nouveaux propriétaires, de chair et d’os, ont décidé de changer la déco. Tétanisé d’effroi, notre gentil couple de fantômes se fait alors conseiller un spécialiste, un bio-exorciste, un certain Beetlejuice. Il est complètement frappadingue et tout aussi incontrôlable. Pour le faire apparaître, il faut répéter trois fois son nom. Beetlejuice, Beetlejuice, Beetle…
Un film heureux sur la mort, voilà qui n’est pas courant, mais aussi une œuvre qui allait asseoir définitivement la réputation de Tim Burton après l’improbable succès de Pee-wee Big Adventure (1985). Ce qui était en germe dans ce dernier éclate ici au grand jour. Avec Beetlejuice, c’est tout un univers qui se met en place d’où émergent les empreintes et motifs récurrents qui caractériseront l’œuvre du cinéaste. Le goût pour les perspectives farfelues et lignes brisées, directement héritées du cinéma expressionniste allemand, la prédilection pour les rayures noires et blanches et les spirales tordues, l’attirance pour le cirque et la fête foraine entraînant dans leurs sillages le grotesque et le bizarre, et bien sûr l’amour pour les monstres de tout type et les personnages excentriques vivant en marge de la société.
Avec Beetlejuice, Tim Burton bâtit un invraisemblable cabaret macabre, opposant un monde aussi ténébreux que frappadingue à une réalité aussi ennuyeuse qu’aseptisée, au final beaucoup plus inquiétante. Et si Beetlejuice repose en partie sur cette confrontation, Burton, lui, a choisi son camp. Aussi bureaucratique qu’il soit, on ne s’ennuie jamais dans cet au-delà peuplé de créatures et de figures toutes plus délirantes les unes que les autres. Dont une en particulier, le bio-exorciste Beetlejuice (génialement interprété par Michael Keaton), à la fois semeur de discorde et mauvais génie obsédé sexuel, véritable entité punk qui balaie d’un pas de danse tout le conformisme et l’hypocrisie du monde réel. À vrai dire, le Joker n’est pas loin. Mais tout ceci passe bien évidemment par l’image et la multiplicité des techniques d’effets spéciaux étonnamment rétro (animation image par image, prothèse, matte painting, effets mécaniques). Tim Burton, éternel amoureux des séries B de son enfance, éternel sale gosse à l’imagination débordante et à l’humour noir ravageur. Car comme dira la jeune mariée : « Nous sommes morts, il ne peut rien nous arriver de grave ».
Tirez les fils de Beetlejuice et vous rencontrez : L’Aventure de Mme Muir, Poltergeist, La Famille Addams et Alice.