Fermer cette fenêtre banner

Fermeture de Noël
Reprise des projections mardi 7 janvier 2025.
Bonnes fêtes de fin d’année !

Histoire de la Cinémathèque de Toulouse - Présentation

La Cinémathèque de Toulouse propose des films depuis 1958. Nous avons entrepris la numérisation de l’ensemble de nos programmes et de nos affiches jusqu’à l’ouverture des salles de la rue du Taur en 1997. Sont pour l’instant accessibles les programmes jusqu’en 1970. À suivre donc…

La salle de la rue Roquelaine

Durant près de quarante ans (1958-1996), la Cinémathèque de Toulouse fut identifiée à un lieu : la Salle Montaigne au 3 rue Roquelaine. Cette salle, avec balcon et d’une capacité de plus de 300 places, avait une vocation multi-culturelle au sein du Centre Régional de Documentation Pédagogique : elle accueillait conférences, théâtre, concerts, danse et, bien sûr, cinéma. Mais, dans le courant des années soixante dix, la Cinémathèque devint en soirée son unique locataire. Ses fauteuils de moleskine rouge dataient des années 60 et sa cabine de projection fut ré-équipée par la Cinémathèque dans les années quatre vingts (fin des appareils à lampe à arcs, variateur de vitesse pour la projection des films muets).

Aux origines de la Cinémathèque

En 1958, la Cinémathèque de Toulouse n’existait pas encore en tant qu’entité juridique : il n’existait que des individus épris de cinéma, assidus des ciné-clubs de la ville qu’ils animaient souvent, « liseurs » de revues et de bouquins, récupérateurs d’affiches et de photos et, pour certains, dénicheurs de films aux Puces, chez les forains et les tourneurs ou dans les caves des Offices du Cinéma Éducateur : au cœur de ce groupe informel qui évoluait au fil des saisons se tenait Raymond Borde, figure du père voire du « parrain ». Ce fut le noyau fondateur en 1964 de « La Cinémathèque de Toulouse ». Mais en 1958 leur désir était ailleurs : découvrir et/ou revoir des films inaccessibles à Toulouse et donner à voir certaines de ces bobines qu’ils rassemblaient progressivement. Cela voulait dire organiser des séances, cela voulait dire programmer. Il peut sembler curieux aujourd’hui de voir que les premières « Saisons » (jusqu’en 1964) furent labellisées : Cinémathèque Française – Bureau de Toulouse. Il y avait au moins deux bonnes raisons : donner une couverture juridique à ces séances et bénéficier de la richesse des collections de Paris. Après la rupture entre les deux institutions (1965), la Cinémathèque collabora beaucoup avec ses collègues européens, notamment Bruxelles et Lausanne, pour le prêt de copies – mais ce ne fut jamais à sens unique.

Les séances

En 1958 les séances avaient lieu le vendredi (d’octobre à mai, hors vacances scolaires) à 20 h 30. La « saison » comporte 20 programmes. Ce chiffre va évoluer au cours des années 60 et 70 un peu en dents de scie avec des pics au-dessus des 100 séances par an. Mais c’est dans les années 80 et 90 qu’une rupture se consomme avec plus de 300 séances annuelles. Dès 1964 un mot d’ordre est aussi lancé « Ni présentation. Ni discussion » (sauf s’il y a un invité) et une pratique imposée : une seule projection quel que soit le film. Enfin l’époque (années 60, 70 et en partie 80 où régnait l’absence de DVD, de chaînes spécialisées, etc.) imposait un parti-pris moral : « plutôt voir un film étranger en version doublée ou non sous-titrée que de ne pas le voir du tout » (revendiqué dès 1962). Quant aux copies, elles provenaient des collections ou étaient prêtées par des cinémathèques ou des Fédérations de Ciné-Clubs. Aucune copie n’a été louée par la Cinémathèque à un distributeur commercial jusqu’en mars 1983 (Intégrale Luchino Visconti) – il ne faut pas tant y voir une dérogation à la règle de la séparation absolue entre le secteur commercial et le non-commercial que l’effet d’une transformation profonde des modalités d’accès aux films.

Le cinéma Muet

Le Muet a toujours été le « fonds de commerce de luxe » des cinémathèques. La valeur luxueuse de cette forme historique du cinéma tenait à une double rareté : rareté de la demande et rareté de l’offre. Pour le public « ordinaire » des années 50, le cinéma est parlant (tout comme il sera en couleurs une décennie plus tard) : avant, c’est le cinéma de papa ; ce sont de « vieux » films, ce ne sont pas des films anciens. Pour ceux qui en « veulent », il faut passer par les ciné-clubs et quelques salles dites de « répertoire » à Paris. Cette rareté de la demande se redouble d’une rareté objective de l’offre. En 1953 l’interdiction générale de toute projection de films sur support nitrate rend obsolètes les copies muettes qui sommeillaient encore. Paris et Toulouse deviennent les seules salles en France où, en toute illégalité, le nitrate maintient son existence et devient ainsi la marque distinctive des cinémathèques (il en va de même pour les films des années 30 et 40). On ne s’étonnera donc pas de l’importance quantitative du Muet dans la programmation dès 1958 et de sa permanence : hormis les années 70, c’est entre 15 et 25 % des séances qui lui sont consacrées. On peut dire que les choix à Toulouse sont fondés sur une exigence de diversité nationale (avec une prédominance et un retour permanent sur les cinématographies américaines, soviétiques, allemandes et françaises) et un « grand écart » entre les cinéastes illustres (Griffith, Eisenstein, Pabst, Gance, etc.) et les « inconnus » (Bowers, Barnet, Wegener, Antoine, etc.).

Jean-Paul Gorce

Affiche de manifestation, 1983. Droits réservés. Raymond Borde, photographie. Droits réservés La Cinémathèque de Toulouse.
Couverture de programme, 1993. Droits réservés. Raymond Borde, photographie. Droits réservés La Cinémathèque de Toulouse.
Couverture de programme, 1993. Droits réservés. Raymond Borde, photographie. Droits réservés La Cinémathèque de Toulouse.