Fermer cette fenêtre banner

Ran

Akira Kurosawa. 1985. Fr. / Jap. 163 min. Coul. DCP. VOSTF.


Avec Tatsuya Nakadai, Akira Retao, Miek Harada


Histoires de cinéma 1



Dans A.K., formidable documentaire de Chris Marker consacré au tournage de Ran, on peut observer le senseï Kurosawa et son commando au travail. On assiste à l’agencement de cette fameuse scène de bataille filmée avec ces trois caméras placées selon des angles très précis. On y voit aussi l’auteur des Sept Samouraïs choisir avec une précision maniaque ses objectifs et faire preuve d’une infinie patience face aux éléments naturels qui paralysent l’équipe. Du coup, on saisissait là l’étendue du talent d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens. Ran (« chaos » en japonais) est une fresque somptueuse qui impressionne du début à la fin. Kurosawa la considérait, à juste titre, comme le couronnement de sa carrière. Il lui avait fallu une décennie pour concevoir un impressionnant story-board peint et il faudrait deux années pour confectionner les centaines de costumes visibles à l’écran. Le point de départ de Ran est basé sur des événements historiques réels, l’histoire d’un chef de guerre du XVIe siècle qui avait su transmettre sagesse et courage à ses descendants. Et si… Et si ses enfants s’étaient opposés à leur père et s’étaient dévorés entre eux ? Le fait historique glisse vers la tragédie shakespearienne pour finalement se fondre dans une apocalypse médiévale. Kurosawa s’était déjà approprié Shakespeare, et Macbeth avait déjà largement inspiré Le Château de l’araignée. Dans Ran, les trois filles du Roi Lear deviennent les trois fils d’un vieux seigneur affaibli par la vieillesse. Trois héritiers, trois domaines et un père au bord de la folie, plongés dans une spirale autodestructrice. Quand la folie meurtrière se conjugue à l’ivresse du pouvoir, les passions humaines se déchaînent. Les pentes du Mont Fuji deviennent alors le théâtre d’ahurissantes batailles spectaculaires et sauvages. La leçon est édifiante, le film grandiose et Ran prouve, une bonne fois pour toutes, que Kurosawa est un des rares cinéastes capables de fusionner noirceur du propos et époustouflante beauté picturale.

Séance présentée par Bruno Coulais

samedi 11 novembre 2017, 11h00       Infos pratiques - Vente en ligne
Retour au cycle