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La Reine de Némi – Méditerranée

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Histoires de cinéma 1



La Reine de Némi
Yannick Haenel
2017. Fr. 31 min. Coul. Numérique.
Avec Barbara Puggelli, Regina Demina, Eva Niollet, Yannick Haenel
Un homme est obsédé par une scène mythologique : le chasseur Actéon surprenant la déesse Diane nue, au bain. Il veut rejouer cette scène et demande à sa femme de se prêter au jeu. Celle-ci l’emmène en Italie, jusqu’au lac de Némi, un endroit sacré, entouré de forêts, qu’on appelle le miroir de Diane. Leurs aventures vont prendre figure de rite.
J’aimerais qu’à travers cette expérience, on s’ouvre avec le film à la dimension spirituelle qui habite les actes sexuels, le désir, le plaisir.

C’est le secret d’une très vieille histoire, c’est le grand sujet : cueillir le rameau d’or, lever le voile d’Isis.
J’aimerais que les « regardeurs » aient des oreilles, et qu’ils entendent qu’une parole parle au cœur de toute étreinte. Cette parole, si l’on atteint – si on la réveille – c’est la poésie.
L’histoire de Diane et Actéon a lieu ici, chaque jour, pour qui sait voir et aimer. Ce qui s’ouvre entre un homme et une femme renvoie à une mémoire antique de la jouissance : à ce qui se joue à chaque instant entre la vie et la mort.

Méditerranée
Jean-Daniel Pollet
1963. Fr. 42 min. Coul. 35 mm.
Difficile de cerner Jean-Daniel Pollet. Auteur, marginal, poète… peut-être ? Cinéaste de l’essai et artisan du cinéma, assurément. Certains le considèrent comme un proche d’Alain Cavalier, d’autres comme un cousin de Chris Marker. Pourtant avec Pourvu qu’on ait l’ivresse (1958), qui met en scène les touchantes hésitations du danseur Claude Melki, il initie une série de films marquant son goût pour une comédie populaire aux accents burlesques et nostalgiques. Mais c’est Méditerranée (1963) qui inaugure la deuxième veine beaucoup plus poétique du cinéma de Pollet. Durant deux années, il parcourt en compagnie d’un autre metteur en scène, Volker Schlöndorff, le bassin méditerranéen. Trente-cinq mille kilomètres au compteur et quinze pays visités. « J’ai filmé une seule chose par plan de manière à pouvoir utiliser au montage ces plans comme des mots, des signes… » De retour de son périple, il commence seul l’assemblage de ces milliers de mètres de pellicule. L’idée est d’utiliser les textes de Georges Bataille pour les commentaires du film. Mais c’est finalement la rencontre avec l’écrivain Philippe Sollers qui sera décisive. Les temples grecs en ruine, les pyramides d’Égypte, un palais sicilien, mais aussi un bunker de la Seconde Guerre mondiale, une orange dans un verger, une femme qui se peigne, une autre qui boutonne sa tunique, un pain de métal rougeoyant, une jeune fille endormie avant une opération chirurgicale ; le texte de Sollers, les images rigoureuses de Pollet et le lyrisme sombre de la partition chargée d’émotions d’Antoine Duhamel. Ensemble, les trois hommes créent cet objet stupéfiant qui invente une forme de récit totalement inédite qui tiendrait à la fois de la leçon d’histoire et de la rêverie poétique. Comme si quelques anciens rituels s’étaient immiscés dans un film d’avant-garde. Au final : une œuvre délicieusement intransigeante de haute magie !

Séance présentée par Yannick Haenel

jeudi 09 novembre 2017, 19h00       Infos pratiques - Vente en ligne
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