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La Porte du paradis (Heaven’s Gate)

Michael Cimino. 1980. USA. 216 min. Coul. DCP. VOSTF.


Avec Kris Kristofferson, Christopher Walken, John Hurt, Isabelle Hupert, Brad Dourif


Histoires de cinéma 1



Au Panthéon des films maudits, La Porte du paradis mérite amplement sa palme. En janvier 1981, à propos de ce dernier, l’éminent critique américain Roger Ebert écrivait : « Ce film représente 36 millions de dollars jetés aux quatre vents. C’est le plus scandaleux gâchis cinématographique que j’aie jamais vu ». Après seulement une semaine d’exploitation, Heaven’s Gate est retiré de l’affiche et Michael Cimino doit en présenter une nouvelle version à ses producteurs. Violence édulcorée, ajout d’une voix-off et personnages sacrifiés. Huit mois plus tard, le film émasculé ressort et devient en quelques semaines l’un des plus gros échecs commerciaux de l’histoire du cinéma américain. United Artists est sur la paille et Michael Cimino ne se remettra jamais vraiment de son voyage au bout de Hollywood. Ce western atypique qui devait être le triomphe du cinéma d’auteur au sein de l’usine à rêves devint finalement sa propre pierre tombale. Et ce n’est qu’en 2012 que La Porte du paradis eut droit à sa résurrection dans une version considérée comme définitive par le réalisateur lui-même. Mise en scène grandiose, reconstitution historique impressionnante, direction artistique éblouissante et casting quatre étoiles (Kris Kristofferson, Christopher Walken, Isabelle Huppert, Jeff Bridges) pour une page méconnue de la naissance des États-Unis d’Amérique. La guerre de Sécession a pris fin. L’Est et l’Ouest se sont rejoints par la voie ferrée. Autant en a emporté le vent, que claque la porte du paradis. De nouveaux immigrants sont arrivés, pauvres fermiers qui devront lutter contre les gros éleveurs de la région bien décidés à les éliminer… Une fresque sanglante, majestueuse et intimiste située dans un Far West qui n’a plus rien de mythique. Entre Ford et Visconti, Cimino maîtrise son anti-conquête de l’Ouest aux accents hyperréalistes tout en mariant l’infiniment grand et l’infiniment petit. Un chef-d’œuvre !

Séance présentée par Yannick Haenel

vendredi 10 novembre 2017, 20h30       Infos pratiques - Vente en ligne
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