Actes de printemps – La Chasse
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Actes de printemps (Acto da Primavera)
Manoel de Oliveira
1962. Port. 90 min. Coul. 35 mm. VOSTF.
Avec Nicolau Nunes Da Silva, Ermelinda Pires, Maria Madalena, Amélia Chaves
La Chasse (A caça)
Manoel de Oliveira
1963. Port. 21 min. Coul. 35 mm. VOSTF.
Avec António Rodrigues Sousa, João Rocha Almeida,
Albino Freitas, Manuel De Sa
Pionnier du cinéma portugais, créateur infatigable, artisan solitaire à la fois producteur, monteur et scénariste de ses propres films, Manoel de Oliveira, décédé à l’âge de 106 ans, a tourné jusqu’au bout de sa vie. Depuis les années 1930, il n’avait cessé de défier l’écriture cinématographique au travers d’une filmographie aussi éclectique que vigoureuse. Pourtant, il faudra attendre vingt ans entre son premier et son second long métrage. Si Aniki-Bóbó (1942) anticipait le mouvement néoréaliste de quelques mois, Actes de printemps (1962) abolissait la barrière entre fiction et documentaire d’une manière toute particulière. À la fin des années 1950, pendant un voyage à Trás-os-Montes, Oliveira remarque trois croix en bois sur le bord de la route. Intrigué, le cinéaste s’arrête et découvre que l’on joue ici, chaque année, une représentation de la Passion du Christ, interprétée par des paysans du village de Curalha. Durant deux années de suite, il retourne sur place pour filmer le spectacle, ses à-côtés, mais aussi les caméras et les magnétophones qui enregistrent la représentation. Documentaire et fiction juxtaposés et poussés à l’extrême par le dispositif.
Initié avant Actes de printemps mais achevé après ce dernier, La Chasse est le seul film d’Oliveira à être inspiré d’un fait divers. L’histoire de deux garçons, dont l’un d’eux s’était noyé devant l’autre. Sur cette trame, Oliveira combine l’ordinaire au fantastique, et tire de la tragique histoire une implacable fable dont le dénouement ne fut pas du tout du goût de la censure de l’époque. À noter que la copie restaurée par la Cinemateca Portuguesa présente la conclusion originale voulue par Oliveira, ainsi qu’en guise d’épilogue, la fin imposée par la censure.
Séance présentée par José Manuel Costa, directeur de la Cinemateca Portuguesa