Les Vertes Années (Os Verdes Anos)
Paulo Rocha. 1963. Port. 87 min. N&b. DCP. VO. Sous-titrage informatique en français.
Le film-manifeste du Cinema Novo portugais. Une fraîcheur et une liberté de ton inédites à l’époque. L’histoire de Julio, 19 ans, qui arrive à Lisbonne pour tenter sa chance comme cordonnier. Le jour de son arrivée, un incident l’amène à faire la connaissance d’Ilda, une fille du même âge, qui travaille comme domestique tout près de son atelier. Sur fond de poésie noire, un conte cruel de la jeunesse fortement influencé par la Nouvelle Vague française, un premier film qui allait bousculer les habitudes d’un cinéma national qui dérivait trop tranquillement vers un folklore bon marché avec l’inévitable fado. Avec Les Vertes Années, le cinéma portugais entrait dans le cinéma moderne au moment où plusieurs Nouvelles Vagues et plusieurs Nouveaux Cinémas surgissaient en Europe de l’Est et de l’Ouest, en Amérique et en Asie. Son réalisateur, Paulo Rocha, avait fait ses études à l’IDHEC à Paris et avait épaulé Jean Renoir sur Le Caporal épinglé (1961). De retour au Portugal, il avait travaillé en tant qu’assistant sur Actes de printemps (1962) de son compatriote Manoel de Oliveira, avant de passer lui-même à la mise en scène pour filmer une Lisbonne comme on ne l’avait jamais vue. Rocha tourne résolument le dos aux quartiers traditionnels, privilégiés par le cinéma de Salazar, et s’oriente vers les constructions modernes et bourgeoises de la ville dans lesquelles il plonge la bonne et le cordonnier. Le cinéaste médite sur la Lisbonne moderne et sa jeunesse désorientée. La chronique est nonchalante, un rien désespérée, et l’indécision existentielle constamment malmenée par un onirisme violent. Mais comme l’a signalé Paulo Rocha à l’époque : « Nous avons tendance à surévaluer l’histoire par rapport à la mise en scène. Dans Les Vertes Années, le plus important est le rapport entre le décor et le personnage, le traitement de la matière cinématographique. »
Séance présentée par José Manuel Costa, directeur de la Cinemateca portuguesa