Maria do Mar – Soirée de clôture
José Leitão de Barros. 1930. Por. 94 min. N&b. 35 mm. Muet. Intertitres portugais. Sous-titrage informatique en français.
Le plus important et le plus authentique long métrage du cinéma portugais de la période du muet. Le premier film restauré par la Cinemateca portuguesa dans son laboratoire en 2000. Un des premiers intertitres mentionne qu’il s’agit là d’un « documentaire dramatisé ». C’est le premier du genre au Portugal, et seulement le deuxième au monde après Moana que réalise Robert Flaherty en 1926. En posant sa caméra à Nazaré, José Leitão de Barros rassurait ceux qui doutaient de l’éclosion d’un cinéma véritablement national. Ce n’était pas la première fois que le cinéaste filmait ce petit village de pêcheurs situé sur la côte ouest du pays. En 1927, avec la collaboration du sculpteur Jaime Martins Barata, José Leitão de Barros avait déjà capté la rudesse des conditions de vie des travailleurs de la mer avec Nazaré, Praia de Pescadores (littéralement : Nazaré, plage de pêcheurs). Distribué en 1929, ce documentaire affranchissait considérablement la production nationale d’une encombrante supervision étrangère. La même année, Leitão de Barros se réinstallait à Nazaré en compagnie de deux monstres sacrés du théâtre, Adelina Abranches et Alves da Cunha. Sur place, il confie le reste de l’interprétation à des acteurs amateurs, et enregistre des images à la stupéfiante force tellurique, placées sous haute influence du cinéma soviétique. Dès lors, Maria do Mar se déroule comme une formidable ethno fiction qui flirte avec la fresque tragique. Les hommes et la mer. Des visages parcheminés sur une étendue d’eau ridée de vagues. Une histoire de naufrage et de familles ennemies. Mais surtout, l’histoire de Maria et Manuel qui s’aiment envers et contre tout. Un film de plein air, de pleine lumière, qui sublime corps et visages du peuple portugais. Une œuvre essentielle dont João Bénard da Costa dira qu’elle est « l’une des synthèses les plus puissantes de l’expressionnisme allemand, du conceptualisme soviétique et du culte américain de la représentation. »
Séance accompagnée par Grégory Daltin (accordéon) et Denis Badault (piano)
précédée de la remise du prix Jury Jeunes
Un film choisi par la Cinemateca Portuguesa