Gosses de Tokyo (Umarete wa mita keredo) – Maud Nelissen
Yasujiro Ozu. 1932. Jap. 89 min. N&b. 35 mm. Intertitres japonais sous-titrés français.
Le dernier film muet de Yasujiro Ozu, alors âgé de vingt-neuf ans. Un muet tardif qui contient en germe la plupart des thèmes qui vont irriguer l’œuvre parlante du cinéaste. Un film qui frappe par sa maîtrise du burlesque et l’acuité du regard sur la société nipponne de l’époque. On le sait, Ozu fut profondément marqué par l’influence du cinéma hollywoodien d’Harold Lloyd et d’Ernst Lubitsch. Avec Gosses de Tokyo, il capte l’enfance dans toute son effervescence sans en occulter la part de cruauté. Rituels de soumission, bagarres, gobages d’œufs… Les deux jeunes héros qui viennent d’emménager dans la banlieue de Tokyo doivent maintenant affronter leurs nouveaux camarades de classe. Le père, lui, doit faire face à son chef d’entreprise et ses collègues de travail moqueurs et envieux. Sous le vernis de la légèreté, les liens sociaux et les rapports de force professionnels et domestiques. Ozu a toujours su avec brio imbriquer le quotidien au dramatique. Pourtant, Gosses de Tokyo est bel et bien une comédie, grande, belle, simple et vivace. Son sous-titre, « Un livre d’images pour adultes », donne le la : le monde des adultes par un regard d’enfant. D’ailleurs, la caméra ne s’élèvera que très rarement, Ozu préférant de toute évidence le point de vue des bambins en culottes courtes. Enfin, il y a cette virtuosité burlesque (fondée sur l’expression des visages) et cet incroyable talent à croquer des mines qui font de Gosses de Tokyo un magnifique adieu au cinéma muet.
Dès 8 ans
Séance accompagnée au piano par Maud Nelissen et suivie d’un goûter japonais