La Passion de Jeanne d’Arc – Maud Nelissen
Carl Theodor Dreyer. 1928. Fr. 96 min. N&b. DCP. Muet. Intertitres français.
À travers les dorures de l’Histoire, la tragédie humaine. En 1431, Jeanne est conduite, enchaînée, dans le château de Rouen, devant un tribunal ecclésiastique au service de l’occupant anglais. Elle fait front contre les outrages avec une humilité désarmante. Jugée hérétique, elle est condamnée et brûlée vive sur le bûcher, au milieu d’une foule déchaînée… Éblouissante mise en scène où la caméra scrute les figures, les regards, sans se soucier du décor environnant et de la réalité historique. Dreyer au plus près des corps pour mieux percevoir l’âme et ses mystères. Dreyer, rigoureux, minutieux, précis, condense les vingt-neuf interrogatoires menés sur plusieurs mois sur une seule journée, celle de l’exécution, et multiplie les gros plans de Renée Falconetti, l’une des plus bouleversantes Jeanne d’Arc de l’histoire du cinéma. Les visages se font panoramas et les vallées s’emplissent de larmes. Avec une intensité exceptionnelle, Dreyer signait là un film quasi-expérimental, baigné dans la blancheur de l’image et un rythme hypnotique. Plus qu’un film, une méditation. « Si Dreyer est l’égal des plus grands par le langage, il est supérieur aux plus grands par son propos. Et s’il est vain et probablement impossible de choisir le second chef-d’œuvre du cinéma, il est aussi impossible d’hésiter en ce qui concerne le premier. La Passion de Jeanne d’Arc est le plus beau film du monde. » Chris Marker
Séance accompagnée au piano par Maud Nelissen