Cœurs brûlés (Morocco) – Mathieu Macheret – La journée des quotidiens
Josef von Sternberg. 1930. USA. 92 min. N&b. 35 mm. VOSTF.
Chanteuse de beuglant échouée à Casablanca, Amy tombe sous le charme d’un beau légionnaire. Il faut dire qu’il a les traits de Gary Cooper et que celui-ci, d’un regard de biche, rend glamour n’importe quel képi blanc fatigué. Mais il n’est pas facile d’aimer un militaire, surtout quand celui-ci part en patrouille dans un point chaud du Sahara… Le premier film américain de Josef von Sternberg et le deuxième qu’il tourne avec Marlene Dietrich après L’Ange bleu. Stupéfaits, les États-Unis découvrent la Dietrich – L’Ange bleu ne sera distribué sur le territoire US que bien plus tard – et la consacre star au bout de quelques minutes seulement. Von Sternberg la capte lors de sa phénoménale première apparition sur scène habillée en homme (smoking et haut de forme) donnant un baiser sur la bouche à une femme. Le studio Paramount utilisera d’ailleurs comme accroche publicitaire « La femme que même les femmes peuvent désirer » ! En attendant, Cooper succombe et Dietrich aussi. « Il y a aussi une légion étrangère pour les femmes. Sans médaille pour nos bravoures, ni récompense pour nos blessures », lui dit-elle. Marlene est envoutante et mystérieuse, forte et vulnérable. Von Sternberg, lui, installe sa tragédie aux frontières de l’onirisme, là où la raison se dispute avec l’objet du désir. Érotisme exacerbé, décors irréels et longs silences entre les dialogues, un mélodrame atmosphérique sur l’enfer des sentiments, la liberté, l’enfermement et la déchéance.
Séance précédée d’une « Histoire populaire de cinéma »
Un film choisi par Mathieu Macheret