Bad Boy Bubby – Doubles programmes
Rolf de Heer. 1993. Aus. / It. 108 min. Coul. DCP. VOSTF.
Bad Boy Bubby et Seul contre tous. Deux films que cinq ans séparent, l’un français, l’autre australien, seul contre tous justement pour avoir abordé l’inabordable. Avec Seul contre tous, Gaspard Noé, dont c’est là le premier long métrage, livrait une noire peinture des mœurs prolos. La dérive d’un ex-boucher entretenant des rapports troubles avec la chair de sa chair. À peine sorti de prison et le voilà aux prises avec une société hostile. Haine, vengeance, inceste, un révolver et trois balles. Stylisation inédite des décors et naturalisme glauque. Une œuvre encore plus actuelle aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Et si tout n’est qu’une question de morale, alors le boucher la redéfinit : « La morale, c’est fait par ceux qui la tiennent : les riches. C’est toujours les riches qui ont raison et c’est toujours les pauvres qui trinquent. » Cinq ans auparavant, le personnage de Bad Boy Bubby n’avait guère plus de chance. Séquestré depuis sa naissance par une mère obèse et incestueuse, Bubby s’échappe le jour de ses trente-cinq ans et s’en va découvrir le monde dont il ne connaît rien. À la fois allégorie rousseauiste et satire sociale furieusement rock’n’roll. Bad Boy Bubby, c’est de la pizza, de la musique, des arbres et des chats morts, mais aussi et surtout des rencontres. De celles qui vous marquent, vous forment et vous élèvent. Et si Rolf de Heer n’épargne pas ses contemporains, il le fait avec une infinie tendresse. Sans jugement. D’autant plus rare pour être signalé.
Voir aussi Seul contre tous